L’Acadie, l’été : le festival du homard de Shediac

Est-ce pour contrebalancer la rigueur des hivers canadiens ? L’été, le Québec et l’Acadie s’animent avec de nombreux festivals. Certains sont mondialement connus (comme le Festival d’été de Québec, sur les plaines d’Abraham), d’autres sont plus pittoresques ! C’est ce que je m’apprête à découvrir en cet été 2024, alors que j’effectue un road-trip depuis Montréal jusqu’en Acadie.

Dans cet article, je vous convie avec moi aux confins de l’Acadie, dans la ville de Shediac, au Nouveau-Brunswick.

Chaque année, au mois de juillet, cette bourgade acadienne accueille l’étonnant festival du homard de Shediac. Un festival improbable, comme seule l’Acadie est peut-être capable d’en produire.

Shediac, l’autoproclamée capitale mondiale du homard

Shediac, une petite ville du Nouveau-Brunswick, est renommée pour son titre autoproclamé de « capitale mondiale du homard » (si, si !). Nichée sur les rives de la baie du même nom, cette communauté francophone est fortement imprégnée de l’héritage acadien.

La ville de Shediac, fondée au début du 18^e siècle, a prospéré grâce à sa situation stratégique en tant que port de pêche.

Le titre de « capitale mondiale du homard » n’est pas qu’une simple revendication touristique. En effet, Shediac doit (vraiment) sa renommée à l’industrie du homard. Chaque année, les pêcheurs de la région capturent des milliers de tonnes de ce crustacé très apprécié, destinées aussi bien au marché local qu’à l’exportation internationale.

Le symbole le plus emblématique de Shediac est d’ailleurs sa statue géante de homard, située près de l’entrée de la ville. Ce monument, qui pèse plus de 90 tonnes, détient le record envié de plus grand homard du monde !

Le festival du homard de Shediac, à la gloire de la star locale

Le Festival du homard de Shediac est une tradition estivale qui remonte à 1949. À l’origine, ce festival a été créé pour honorer les pêcheurs locaux et promouvoir le homard de Shediac, réputé pour sa qualité supérieure.

Au fil des décennies, cet événement est devenu l’une des fêtes les plus attendues de la région, attirant des milliers de visiteurs chaque année. Le festival, qui se déroule généralement en juillet, est aujourd’hui un pilier de l’identité culturelle de Shediac, mettant en avant non seulement la gastronomie locale, mais aussi le riche patrimoine acadien de la ville.

Le festival du homard de Shediac propose une multitude d’activités, avec pour point d’orgue les compétitions de décorticage de homard. Les visiteurs peuvent assister à des démonstrations culinaires, où des chefs locaux révèlent leurs secrets pour préparer le homard de manière savoureuse.

Une autre attraction populaire est le concours du plus gros mangeur de homard ! Lors de ce concours, les participants rivalisent pour consommer le plus grand nombre de crustacés en un temps limité.

L’ambiance est festive, rythmée par des concerts de musique acadienne et des spectacles de rue qui animent le cœur de Shediac.

Le festival est aussi, bien sûr, l’occasion de déguster le homard sous toutes ses formes. Les visiteurs ont l’embarras du choix, entre le homard traditionnel bouilli, servi avec du beurre fondu, et des plats locaux comme les rouleaux de homard (les guédilles) ou la poutine au homard. Avis aux gourmands !

Le chiac, la langue de la musique acadienne en concert

Mon road-trip m’amène à Shediac le vendredi soir, jour de l’ouverture du 75^e festival du homard de Shediac. Pour l’occasion, près de la statue géante de homard à l’entrée de ville, l’attraction est le Mixbus. Le principe ? Un vieux bus repeint de toutes les couleurs, et transformé en… scène de concert !

L’occasion pour moi de voir s’y succéder plusieurs groupes locaux ce soir-là, et découvrir notamment la musique acadienne. Une expression vibrante de l’identité et de l’histoire du peuple acadien, mêlant des influences françaises, celtiques et autochtones.

Ce soir-là, un groupe retient mon attention : Menoncle Jason. Entre deux chansons entraînantes, le chanteur raconte des anecdotes hilarantes, avec un accent très prononcé et un parlé mélangeant allégrement le français et l’anglais. En fait, il parle une langue très particulière : le chiac, un dialecte né dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, notamment à Moncton et dans les environs de Shediac.

Des exemples de chanson ? Halle ta marde (une expression acadienne pour dire… dépêche-toi). Toute vendre (l’histoire d’une crise de la quarantaine : le chanteur raconte qu’il veut « toute vendre puis mover dans l’camper »… c’est-à-dire partir vivre dans un camping-car). Bill de hydro (où l’auteur se lamente du montant de ses factures d’eau)… et bien d’autres, à découvrir sur vos plateformes préférées, ou l’année prochaine à Shediac !

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en juillet 2024.