Redevenue indépendante au début des années 1990 après la chute de l’URSS, la Lettonie fût pendant une grande partie du vingtième siècle l’une des quinze républiques socialistes membres de l’Union Soviétique. Avec presque 40% de sa population ayant le russe pour langue maternelle, et davantage dans la région de sa capitale, la Lettonie cherche encore ses marques pour se réconcilier avec cet héritage conflictuel, encore visible dans les rues de Riga.
Le Palais de la Culture et de la Science : la « Huitième sœur » moscovite ?
Afin de marquer le huit-centième anniversaire de la fondation de la capitale russe, en 1947, Staline projeta de faire construire à Moscou huit gratte-ciel qui deviendront plus tard des symboles de l’architecture stalinienne. Sept furent finalement construits, mais Staline décida au début des années cinquante d’offrir une réplique de l’un de ces bâtiments à la population de Riga, directement inspirée de l’université d’État Lomonossov de Moscou.
C’est ainsi que fût bâti, entre 1951 et 1958, le Palais de la Culture et de la Science, au sud-est de la vieille ville, et qui abrite aujourd’hui encore l’Académie des sciences de Lettonie. Cet édifice reste à l’heure actuelle le témoin le plus visible du style classique soviétique visible dans la capitale lettone.
Quelques subtils détails ont été introduits par les architectes lettons au moment de sa construction : ainsi, le style de l’imposante flèche surmontant le bâtiment rappelle celle des églises environnantes.
Dans un tout autre style : ne manquez pas de visiter la célèbre Maison des Têtes Noires, l’un des plus beaux bâtiments médiévaux de Riga.
En périphérie, Le Monument de la victoire
En partant de la vieille ville pour traverser la Daugava vers l’ouest, vous pourrez trouver une immense place au centre de laquelle trône un obélisque de 79 mètres de haut entouré de deux groupes de sculptures.
De son nom complet le « Monument aux libérateurs de Riga et de la Lettonie soviétique des envahisseurs fascistes », celui-ci fût érigé entre 1979 et 1985 afin de célébrer la victoire sur l’Allemagne nazie de l’Armée rouge au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Bien que controversé depuis l’indépendance du pays (des groupuscules ont même tenté à plusieurs reprises de le détruire, sans succès), ce monument reste un lieu de rassemblement et de commémoration pour la minorité russe à Riga.
L’ancien siège du KGB local
Au nord-est de la ville, à l’angle des rues Stabu et Brivibas (les Rigois la surnomment d’ailleurs la Stūra māja, « maison d’angle » en letton), un immeuble dans le plus pur style Art nouveau caractéristique du centre-ville de Riga cache une histoire bien sombre… celui-ci abrite en effet l’ancien siège du KGB en Lettonie.
L’intérieur du bâtiment, transformé en musée mais resté « dans son jus », est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la réalité des atrocités commises par cette police secrète.
Une visite saisissante, parfois terrifiante, et qui revêt ici un caractère particulier. En effet, à la différence des autres anciennes républiques soviétiques, la Lettonie a réussi à empêcher la destruction des archives du KGB après la chute de l’URSS, conservées dans ce qu’on a alors appelé les « sacs du KGB ». Depuis, le débat fait rage dans le pays pour savoir dans quelle mesure ces archives, compromettantes pour certains, devraient être rendues publiques…
Une petite faim ? Programmez une visite de l’incontournable marché central de Riga, situé dans d’anciens hangars de ballons dirigeables.
La nouvelle bibliothèque nationale : Un « Château de lumière » comme un symbole de renaissance
Fondée en 1919, mais alors dispersée dans plusieurs bâtiments à travers la ville, la Bibliothèque nationale de Lettonie a elle aussi dû subir les pillages et les destructions perpétrés par les nazis puis par les soviétiques. Plusieurs fois, en 1928, en 1974 puis en 1988, des projets de construction d’un unique bâtiment centralisant les archives nationales ont été évoqués, mais il a fallu attendre 2014 pour que l’un d’eux se concrétise enfin.
Sur les rives de la Daugava, de l’autre côté de la vieille ville, a ainsi surgi celui qu’on surnomme le « Château de lumière ». Dans le folklore letton, il est en effet dit qu’un château ainsi nommé, symbole de la raison, aurait sombré dans la Daugava pour finalement émerger de ses profondeurs, une fois le peuple letton sorti de l’obscurité intellectuelle imposée par les guerres, les invasions et les occupations.
Un beau pied de nez à un passé récent tumultueux, qui montre que Riga et la Lettonie restent malgré tout résolument tournés vers l’avenir.
Informations pratiques
- Palais de la Culture et de la Science : à dix minutes à pied de la gare centrale de Riga.
- Monument de la victoire : par le tram (arrêt Slokas iela), ou à 15 minutes à pied de la Bibliothèque nationale.
- Ancien siège de la KGB : pensez à réserver à l’avance pour la visite guidée. Plus d’informations sur le site officiel.
- Bibliothèque nationale : par le tram (arrêt Nacionālā bibliotēka), ou à 20 minutes à pied depuis l’église Saint-Pierre.
Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en février 2017.
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