L’une des plus anciennes villes de Pologne, fondée dès le dixième siècle, possède une histoire riche et pleine de rebondissements. Située en plein cœur de l’Europe, la ville n’a pas été épargnée par les annexions successives de la région. Wroclaw est ainsi passée plusieurs fois sous pavillon polonais, prusse et allemand.
Wroclaw est à ce titre aujourd’hui encore relativement connue sous son ancien nom allemand. Un nom qu’elle portait jusqu’en 1945 : Breslau.
Quasiment rasée durant la Seconde Guerre mondiale, sa population a également été complètement métamorphosée. En effet, quasiment tous ses habitants d’origine allemande ont été expulsés à la fin de la guerre. Tandis qu’y étaient rapatriés en masse les Polonais de Lviv, qui avait dans le même temps été rendue à l’Ukraine.
Une « alternative orange » au communisme
Au sortir des années quarante, la Pologne redevenue libre doit encore subir le joug oppressant, comme d’autres pays du bloc de l’Est, de l’Union Soviétique. Peu à peu, le régime se durcit. Les manifestations sont de plus en plus contrôlées et les répressions se font nombreuses.
Ce climat atteint son moment le plus pénible au début des années 1980, avec l’instauration de la loi martiale. L’Armée prend alors le contrôle de la rue. Ce moment coïncide avec la montée en puissance des syndicats ouvriers. Rapidement, ils joueront un rôle primordial dans le soulèvement de la Pologne, et notamment du célèbre Solidarnosc de Lech Wałęsa.
À Wroclaw, la révolte prend un autre visage : celle du mouvement Alternative Orange. Il s’agit d’un mouvement étudiant, qui réfléchit à une manière différente de se révolter. Pacifique, sa méthode d’action passera avant tout par l’organisation de happenings dans les rues. L’art trouvera une place de choix au sein de ces manifestations.
Un symbole : les lutins et les nains
Le mouvement trouvera un écho particulier au sein de la population. En effet, les habitants de Wroclaw seront ravis de trouver un vecteur à travers lequel exprimer leur désir de liberté et d’émancipation, sans risquer la répression.
Les « Oranges » adopteront un mode d’action décalé. Et il leur fallait pour cela un symbole fort, reconnaissable entre tous mais dénué de tout message politique. Ce sera le nain, ou krasnal, par ailleurs déjà très présent dans le folklore polonais.
Partout dans la ville, les graffitis de petits lutins fleurissent sur les murs. Au grand dam des autorités, qui se retrouveront bien dépourvues face à cette révolution qui n’en prend pas l’air.
L’hommage dès 2001 dans les rues de Wroclaw
En 2001, en hommage au mouvement Alternative Orange, un premier nain en bronze est placé dans la rue principale. Il est situé en plein centre-ville, là où le groupe avait pris l’habitude d’organiser ses événements.
Il faudra attendre 2005 pour que cinq nouvelles statues soient placées ailleurs dans la ville, sous l’impulsion de la mairie. Petit à petit, la population se prend au jeu et leur nombre explose, principalement dans le cœur même de la vieille ville.
Aujourd’hui, on dénombre plusieurs centaines de nains dans les rues de Wroclaw. Ils font écho à l’endroit où ils sont placés, par exemple au magasin devant lequel ils se trouvent. D’autres, quant à eux, sont porteurs de messages. Par exemple, c’est le cas des nains en situation de handicap installés dans le cadre d’une campagne « Wroclaw sans obstacles ».
Si certains touristes ignorent parfois leur véritable histoire, partir à la recherche des nains de Wroclaw fait aujourd’hui partie des incontournables de la ville polonaise.
Informations pratiques
- Le premier nain installé en 2001, Papa Krasnal, se trouve à l’angle des rues Świdnicka et Kazimierza Wielkiego.
- Les offices du tourisme vous fourniront des cartes à jour recensant les nains et leur localisation. Il existe aussi des applications sur téléphone portable.
- Attention : quelques (rares) spécimens se situent en hauteur, il faut parfois lever les yeux pour les apercevoir.
Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en janvier 2019.
If you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing.
À découvrir aussi :
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !