En plein cœur de Kuala Lumpur, il existe un lieu prisé des locaux (et des touristes) pour fuir le bruit et la pollution de la ville. Un très grand parc verdoyant, autour d’un immense lac. On aime venir s’y promener et admirer ce bout de nature en pleine ville. Ces lieux n’ont rien de naturel : ils ont été aménagé de toute pièce par les Britanniques, à l’origine de la création d’un immense jardin botanique il y a près de 150 ans.
Dans cet article, je vous emmène visiter le jardin botanique de Kuala Lumpur et ses Lake Gardens (Orchid Garden, Butterfly Park…). Je vous raconterai l’histoire de ce lieu emblématique de Kuala Lumpur, et ce qu’il raconte de l’histoire coloniale de la Malaisie. En plus de l’Orchid Garden et du Butterfly Park, je vous ferai aussi explorer le Monument national.
Sommaire de l’article :
Le jardin botanique de Perdana, des origines britanniques
Le jardin botanique de Perdana est un lieu stratégiquement situé, en plein cœur de la ville de Kuala Lumpur. En jetant un œil sur un plan de la capitale de Malaisie, vous ne raterez pas cette grosse tache verte !
Le jardin botanique de Kuala Lumpur est situé dans une zone plus vaste de la ville, appelée Lake Gardens, en référence au grand lac (tasik, en malais : un mot que vous pourrez retrouver sur vos plans) qui trône au centre du jardin.
La création du Perdana Botanical Garden à Kuala Lumpur remonte à 1888. On la doit à un certain Alfred Venning, alors trésorier de l’État de Selengor. La zone est alors sous le contrôle colonial des britanniques, pour qui la région est stratégique. Il faut dire que les « îles aux épices » alimentent, depuis plusieurs siècles, un juteux commerce entre l’Europe et l’Asie…
Portugais, Britanniques et Hollandais ne cessent de négocier des traités pour faire bouger leurs frontières. Tout ceci se stabilise vers 1824, avec la signature du Traité de Londres : c’est à lui qu’on doit, encore aujourd’hui, la partition du Monde malais en deux États, la Malaisie et l’Indonésie.
Mais revenons-en à Alfred Venning. Celui-ci propose à son resident (dans les faits, une sorte d’administrateur colonial), l’aménagement d’un grand espace vert pour offrir aux habitants un lieu de détente. Une zone est identifiée, quelques arbres sont plantés, on construit un barrage sur la petite rivière qui passait par là (la Sungei Bras Bras) pour aménager un lac… Et un an plus tard, dès 1889, le parc de Perdana est officiellement inauguré. Même si, en réalité, les travaux continueront en réalité pendant encore presque 10 ans !
À l’origine, le parc s’étendait autour de celui qu’on appelait le Sydney Lake, en l’honneur de l’épouse du resident britannique qui avait accepté le projet d’Alfred Venning. Il n’adoptera son nom de lac de Perdana (Tasik Perdana) qu’en 1975, après l’indépendance de la Malaisie.
Les jardins botaniques, un morceau de l’histoire coloniale
Au fait, pourquoi un jardin botanique à Kuala Lumpur ? L’aménagement d’un grand parc au milieu de la ville n’a en réalité rien d’anodin. Et c’est d’abord un moyen pour la puissance coloniale d’affirmer sa toute puissance !
Il faut dire que de tels travaux d’aménagement, en cette fin du 19e siècle, ont de quoi impressionner. Mais derrière le jardin, visible et accessible au public, il y a toujours, plus loin des regards, un herbarium où l’on cherche à développer des savoirs naturalistes utiles à l’économie de la colonie…
En particulier, les laboratoires des jardins botaniques coloniaux sont les lieux d’expériences pour réussir à acclimater de nouvelles espèces. L’enjeu était de taille pour les premières conquêtes coloniales : il fallait alors réussir à cultiver sur place les légumes que l’on avait l’habitude de consommer !
Les premiers jardins botaniques coloniaux sont ainsi des garde-mangers : c’est notamment le cas du tout premier jardin botanique installé au Cap, en Afrique du Sud, un ancêtre du jardin botanique national de Kirstenbosch…
Plus tard, les préoccupations sont plus commerciales. Les jardins botaniques de l’empire coloniale britannique forment un vaste réseau de laboratoires, sous la tutelle des jardins botaniques de Kew, basés à Londres. C’est là-bas qu’on réussira par exemple à acclimater l’hévéa, originaire du Brésil, aux conditions du Sud-Est asiatique. Un succès durable : la Malaisie est toujours l’un des principaux producteurs de caoutchouc au monde…
Un pied de nez au passé colonial : le Monument national
Si la visite des jardins botaniques de Kuala Lumpur permet donc de se replonger dans l’histoire coloniale de la Malaisie, le Monument national met à l’honneur ceux qui sont tombés pour l’indépendance de la Malaisie.
Est-ce un hasard si le monument a été construit en plein cœur de ce symbole colonial britannique ? Certainement pas…
Dans la partie nord du jardin botanique de Perdana, le Monument national de Kuala Lumpur rend hommage aux 11 000 personnes qui sont décédées durant l’insurrection communiste malaise. Un soulèvement qui débuta en 1948 et qui conduisit à l’indépendance de la Malaisie en 1957.
Si vous êtes déjà allé à Washington aux États-Unis, la ville aux gigantesques musées gratuits du Smithsonian, le Monument national vous rappellera peut-être le monument aux Marines du cimetière d’Arlington. C’est normal : les deux monuments ont été dessinés par le sculpteur autrichien Felix de Weldon.
Un festival de couleurs, au jardin des orchidées (Orchid garden)
Les amoureux des plantes se presseront vers le point le plus haut du parc, où s’est installé le jardin des orchidées (Orchid Garden) de Kuala Lumpur. Sur près d’un hectare, on peut ici admirer plus de 800 espèces différentes d’orchidées, qui poussent parfaitement à ces latitudes.
Il n’y a rien d’autre à faire que de vagabonder au hasard de son instinct dans les allées du jardin, et contempler ces fleurs de toutes les couleurs.
Chez nous, on trouve les orchidées… en pot ! Ici, les orchidées déploient toutes leurs diversités : les orchidées épiphytes poussent dans les arbres, presque comme des parasites, tandis que les espaces d’orchidées terrestres poussent à même le sol, comme les autres fleurs.
L’orchidée est une fleur symbole de la péninsule malaise : on la retrouve partout, jusque dans les jardins de Singapour. D’ailleurs, au 19e siècle, les Britanniques de la haute société déboursaient des fortunes pour collectionner ces spécimens, symboles de leur pouvoir colonial. Un phénomène qui avait même un nom : l’orchidélirium !
Un phénomène qui aura aussi contribué à mettre en danger de nombreuses espèces d’orchidées dans leur milieu naturel. Leur conservation est aujourd’hui devenue l’une des missions principales des jardins botaniques de Kuala Lumpur.
Des papillons au Butterfly Park
Le jardin botanique de Kuala Lumpur étudie donc et préserve de nombreuses espèces florales depuis 1888. Mais il met aussi à l’honneur… les animaux ! À travers plusieurs espaces, à vocation éducative, disséminés sur les quelques 92 hectares du parc de Perdana.
Trois parcs en particulier : le Deer Park, le Bird Park et le Butterfly Park. Comme leurs noms l’indiquent, le premier abrite quelques biches, le deuxième une impressionnante diversité d’oiseaux, et le troisième… les papillons !
Et pas n’importe quels papillons : le Butterfly Park de Kuala Lumpur abrite près de 6000 papillons, de plus de 120 espèces endémiques de Malaisie. Ouvert en 1992, c’est aujourd’hui l’un des plus grands jardins à papillons du monde. Sous une immense volière, on peut déambuler librement au milieu de la végétation tropicale, et observer de magnifiques spécimens de papillons.
Parmi les espèces emblématiques de papillons à observer au Butterfly Park de Kuala Lumpur, il y a notamment l’ornithoptère de Brooke. Ce large papillon, d’une envergure qui peut atteindre 18 cm, impressionne par sa taille et par ses couleurs vives. On peut facilement l’observer, car lorsqu’il ne vole pas, il a tendance à adopter une position particulière avec ses ailes, qu’il déploie à plat perpendiculairement à son corps.
Pour être sûr de voir plein de papillons, tenez-vous à proximité de l’un des nombreux plateaux de fruits, où les papillons viennent se nourrir de nectar. La diversité des espèces de papillons émerveillera les petits et les grands !
Informations pratiques
- Le jardin botanique de Perdana à Kuala Lumpur est accessible en transports en commun, par les stations Muzium Negara (KG15) ou Pasar Seni (KG16) du MRT ou depuis la gare centrale de Kuala Lumpur (KL Sentral).
- L’enceinte du parc est ouverte tous les jours, de 7h à 20h, en accès libre. Pour les parcs thématiques à l’intérieur (Orchid Garden, Hibiscus Garden, Butterfly Park…), ils sont ouverts entre 9h et 18h.
- L’Orchid Garden et l’Hibiscus Garden sont gratuits. L’entrée au Butterfly Park coût 20 MYR pour les adultes (environ 4€), que je vous recommande ! L’entrée au Bird Park est beaucoup plus chère : 85 MYR (environ 18€). Le Deer Park est accessible librement, mais n’a rien d’extraordinaire.
Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en juin 2019.
Voyager à Kuala Lumpur : fiche pratique
- Se rendre à Kuala Lumpur :
- jusqu’à 2 vols par jour, avec Air France via Singapour ou KLM via Amsterdam (dès 695€)
- à compter de mars 2025, Malaysia Airlines relance les vols directs entre Paris et Kuala Lumpur
- des promos sur les vols vers Kuala Lumpur avec Etihad (du 13 au 17/01/2025)
- Se loger à Kuala Lumpur :
- Lors de mon voyage, j’ai logé au Platinum Suites, un appart’hôtel aux chambres gigantesques (presque 100m² !). Avec une piscine de type infinity pool sur le toit, qui offre une vue magique sur les Tours Petronas (la chambre aussi). Et tout ça pour moins de 100€ la nuit !
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