Aux Açores, le paradis des plantations de thé

Le thé est de nos jours la boisson la plus consommée dans le monde après l’eau. La production mondiale de thé est de l’ordre de 6 millions de tonnes par an, dont la grande majorité provient de Chine et d’Inde. À eux deux, ces pays sont à l’origine de plus de 60% du thé produit chaque année !

Pourtant, si le théier est bien originaire des plaines au pied de l’Himalaya, la plante a réussi à s’acclimater à d’autres pays. Y compris en Europe ! Si la France en compte aujourd’hui quelques unes, les plus vieilles plantations de thé européennes se trouvent au Portugal. Et plus particulièrement sur l’archipel des Açores, au milieu de l’océan Atlantique, à environ 1 500 km à l’ouest des côtes continentales du Portugal.

Dans cet article, je vous fais découvrir les secrets des plantations de thé sur l’île de São Miguel, aux Açores. Vous découvrirez l’histoire de la culture du thé aux Açores, et vous en apprendrez plus si vous comptez visiter les principales plantations de l’île : Chá Gorreana et Chá Porto Formoso.

Les Açores, un archipel au climat propice à la culture du thé

En France, les Açores sont particulièrement connus pour avoir donné leur nom au fameux anticyclone qui protège l’Europe. C’est grâce à l’anticyclone des Açores que nous avons un climat relativement doux toute l’année. On ignore plus souvent que l’archipel des Açores est un groupe de neuf îles portugaises, qui jouit d’un statut de région autonome.

L’archipel des Açores est traditionnellement divisé en trois groupes d’îles : le groupe oriental, à l’Est, où figure notamment l’île principal de São Miguel ; le groupe central ; et le groupe occidental. Près de 600 kilomètres séparent tout de même l’île de Santa Maria, la plus à l’Est, de l’île de Corvo, la plus à l’ouest !

On pourrait les croire perdues au milieu de l’Atlantique. C’est un peu vrai, mais leur situation géographique en a justement fait depuis très longtemps un repère de navigateurs, où s’abriter du mauvais temps. Aujourd’hui encore, l’archipel des Açores est une escale incontournable des traversées de l’Atlantique à la voile. Même les skippers de la Route du rhum sont parfois contraints d’y faire une escale technique pour réparer une avarie sur leur navire…

Si les îles de l’archipel des Açores sont ainsi balayées par les vents, elles n’en bénéficient pas moins d’un climat tempéré. Une végétation locale a pu s’y développer : c’est par exemple le cas des hortensias qui bordent la plupart des routes de l’île. De façon plus étonnante, l’île de São Miguel est aussi reconnue pour ses cultures d’ananas !

De Macao à São Miguel, l’incroyable histoire du thé aux Açores

Mais ce sont bien les plantations de thé qui nous intéressent dans cet article. Les Açores sont ainsi l’un des rares territoires européens où le théier est cultivé. On estime selon certaines sources que du thé sauvage existerait depuis le 18^e siècle sur l’archipel des Açores.

Il faut toutefois attendre la deuxième moitié du 19^e siècle pour que la culture du thé aux Açores connaisse un véritable essor. Une histoire qui fait le lien avec ce qui est alors un autre territoire sous contrôle portugais : la région chinoise de Macao, non loin de Hong Kong !

À cette époque, José do Canto est membre de l’une des plus anciennes maisons nobles du Portugal. Il est aussi fondateur de la Société pour la promotion de l’agriculture, dénommée Micaelense. À ce titre, il exploite une petite ferme sur l’île de São Miguel, davantage pour son agrément personnel que par réel besoin économique. Il possède également une deuxième plantation de thé sur une autre île de l’archipel des Açores, l’île de Faial.

En 1874, José do Canto invite deux fermiers chinois originaires de Macao sur sa ferme. Il souhaite développer la culture du thé sur l’archipel des Açores en exploitant au mieux leur savoir-faire ancestral. En quelques années, ce sera mission réussie : la culture du thé s’installe dans le patrimoine açoréen !

Chá Gorreana et Chá Porto Formoso, les deux grandes plantations de thé des Açores

La manufacture de thé de José do Canto débute ainsi véritablement son activité en 1883. L’usine de São Miguel sera intégrée à une autre manufacture de thé de l’archipel, qui a vu le jour la même année, Chá Gorreana.

Aujourd’hui, la plantation de thé Gorreana est la plus ancienne d’Europe encore en activité. Elle se situe au nord de l’île de São Miguel, près de Porto Famoso. C’est une manufacture au fonctionnement encore familial, avec du matériel d’époque qui date encore de la fin du 19^e ou du début du 20^e siècle.

La plantation produit à peu près toutes les variétés de thé possibles. Toutes les variétés de thé dérivent de la même plante : le Camellia sinensis. Ce sont les techniques de production qui les distinguent ensuite. Et notamment les méthodes d’oxydation des feuilles, du thé vert (non oxydé) au thé noir (complètement oxydé), en passant par le thé blanc ou Oolong…

Un peu plus loin sur la route du thé, Chá Porto Formoso est l’autre grande manufacture de thé de l’île de São Miguel. On y trouve autant de thés, avec un niveau de pureté similaire typique de l’archipel des Açores (la géographie de l’île fait que l’air et les sols y sont très peu pollués !). Mais la production est peut-être un peu moins artisanale et pittoresque qu’à Chá Gorreana.

La production de thé sur l’archipel des Açores reste toutefois confidentielle : à peine 40 tonnes sont produites chaque année sur l’île de São Miguel, à comparer aux 6 millions de tonnes annuelles récoltées dans le monde !

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en décembre 2022.