Lyon, capitale de la marionnette (et de Guignol)

La capitale des Gaules ne manque pas d’atouts ! Proche de la montagne, arrosée par un fleuve (le Rhône) et une rivière (la Saône) emblématiques, Lyon est une destination de choix pour une escapade d’un week-end ! En plus, la ville dispose d’un riche patrimoine culturel. Et parmi ces richesses, Lyon pourrait bien se targuer d’être… la capitale mondiale de la marionnette.

La ville de Lyon est en effet incontestablement rattachée à l’une des plus célèbres marionnettes du monde : Guignol ! Une marionnette qui s’est faite une place de choix dans le cœur des lyonnais, petits et grands…

C’est Guignol, c’est Guignol !

Guignol est un nom qui vous parle forcément ! Qui n’a pas des souvenirs d’enfance associés à cette marionnette et à son célèbre baton… Guignol est un héros intemporel, et pour cause : la marionnette a plus de 200 ans. Et c’est justement à Lyon que Guignol est né, vers 1808.

Qui est le créateur de Guignol ? On doit le théâtre de Guignol au lyonnais Laurent Mourguet. Il est issue d’une famille d’ouvriers canuts, une autre marque de fabrique de Lyon. Au sens propre, puisque les canuts sont des tisserands de la soie, une industrie florissante de Lyon.

Enchaînant pendant quelques temps les petits boulots, c’est à la fin du 18^e siècle que le destin de Laurent Mourguet bascule. Il devient alors… arracheur de dents ! Contrairement aux dentistes d’aujourd’hui, les arracheurs de dents exercent à l’époque dans la rue. Pour attirer les clients, et pour détourner ceux qu’il a déjà d’une douleur qu’on imagine, il a l’idée de proposer des spectacles de marionnettes. Inspirés de l’art de la commedia dell’arte, c’est ainsi que la marionnette de Guignol verra le jour à Lyon en 1808.

Au fait, quels sont les noms des marionnettes de Guignol ? La célèbre marionnette de Guignol est accompagnée de deux comparses : Gnafron et Madelon. Gnafron, c’est le cordonnier un peu trop porté sur le beaujolais. C’est le premier personnage créé par Laurent Mourguet. Il s’est inspiré des traits du père Thomas, son assistant lorsqu’il monta ses premiers spectacles en tant que marionnettiste professionnel. Vint ensuite Guignol. Puis Madelon, la femme de Guignol (sa « fenotte », en patois lyonnais).

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Au musée Gadagne, les arts de la marionnette

La ville de Lyon met bien sûr à l’honneur sa tradition des arts de la marionnette dans un célèbre musée : le musée Gadagne. Le musée est situé dans l’un des quartiers du Vieux-Lyon, sur la rive droite de la Saône. En réalité, il ne s’agit pas d’un musée, mais bien de deux musées ! En effet, le musée Gadagne de Lyon regroupe dans un même lieu, d’une part, le musée d’histoire de Lyon, et d’autre part, le musée des arts de la marionnette.

Il faut d’abord s’attarder sur le merveilleux bâtiment qui l’accueille. C’est l’hôtel des Pierrevive, désormais plus communément appelé l’hôtel de Gadagne. Un hôtel particulier de style Renaissance, construit au début du 16^e siècle. L’hôtel de Gadagne constitue d’ailleurs le plus vaste ensemble Renaissance de Lyon. Son impressionnante cour est la plus vaste du Vieux Lyon, et permet de s’abriter de la chaleur estivale (ou de la pluie hivernale si, comme moi, vous êtes de passage en plein mois de février).

Avant d’entrer dans la cour, jetez un coup d’œil sur l’horloge Charvet, dite Horloge aux Guignols. Construite à la fin du 19^e siècle par Louis Charvet, un célèbre horloger de la ville, elle offre à chaque quart d’heure un spectacle enfantin. Arlequin et Polichinelle viennent ainsi sonner quatre cloches en bronze doré, alors que Gnafron et Guignol se chargent de faire sonner la grande cloche. À l’heure pile, c’est la grande sonnerie de la Trompette…

Le musée Gadagne, et plus particulièrement son musée des Arts de la marionnette, offre une rétrospective tout à fait intéressante de la marionnette à travers les âges. Guignol y occupe une place de choix, bien sûr, mais pas que ! On peut y retrouver d’autres célèbres marionnettes françaises (y compris du Bêbête Show ou des Guignols de l’info), ainsi qu’une ouverture internationale sur l’art des marionnettes.

Les marionnettes, un art vivant

Mais le musée des Arts de la marionnette de l’hôtel de Gadagne n’est pas qu’un musée d’histoire. Car il honore d’abord un art bien vivant ! Dès les premières salles du musée, on est invité à se saisir de marionnettes. Des objets parfois étonnants, bien éloignés de la vision un peu naïve que l’on peut avoir d’une marionnette avant de parcourir le musée. C’est le cas par exemple de cette structure de tubes métalliques, dont on ne sait pas trop quoi penser…

En écho, des vidéos présentent comment des marionnettistes professionnels prennent en main ces objets. On saisit alors toute la dimension artistique, et poétique, de la marionnette. Une première phase d’observation, d’étude… Puis le marionnettiste pose sa main, prend l’objet de telle ou telle façon, et l’ensemble de tubes difformes prend vie. C’est impressionnant !

Plus loin, d’autres marionnettes, plus classiques cette fois, peuvent être manipulées. L’occasion de (re)découvrir qu’il existe de nombreux types de marionnettes : les marionnettes à fils, les marionnettes à gaine, les marionnettes à tringle, etc. Les adultes, comme les enfants, sont invités à se saisir de ces objets, aidés si nécessaire par des guides.

À Lyon, la marionnette n’est vraiment pas qu’un objet de spectacles pour enfants. C’est un art, un art bien vivant, et mis en valeur (presque) à chaque coin de rue.

L’info en plus de Christophe : Le saviez-vous ? L’une des plus importantes collections de marionnettes en France est conservée… à la Bibliothèque nationale de France (BnF) !

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en février 2024.