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Palais de Knossos : entre histoire et reconstitution

Mis au jour par Arthur Evans en 1900, le site archéologique est l'un des plus importants de la Crète. Une visite unique sur les traces de l'histoire minoenne.

Cour de réception du palais
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À quelques kilomètres seulement au sud-est de la capitale de la région crétoise, Héraklion, le palais de Knossos (aussi orthographié Cnossos) est l’un des sites archéologiques majeurs de l’île. C’est l’un des témoins encore visibles de la civilisation minoenne, une civilisation antique qui s’est développée notamment en Crète de 2700 à 1200 avant notre ère.

Pourtant, le site qu’on peut visiter aujourd’hui a paradoxalement été « saccagé » par son découvreur lui-même, un archéologue britannique qui met au jour le site au début du vingtième siècle.

La civilisation minoenne, la reine de la Crète avant les Grecs

Lorsqu’on pense à la Grèce, on pense d’abord à cette grande civilisation de l’Antiquité qui trouva son apogée à Athènes au cinquième siècle avant Jésus-Christ. Cette civilisation qui nous aura légué d’innombrables penseurs qui nous inspirent encore aujourd’hui : Socrate, Platon, Périclès ou encore Euclide.

Mais l’histoire de la Grèce, et de la Crète en particulier, remonte en réalité à bien plus longtemps que cela. En Crète, on retrouve ainsi trace d’une civilisation dès 7000 avant notre ère : c’est la civilisation minoenne. Celle-ci pratique déjà l’agriculture et l’élevage dans cette région de l’Europe.

La civilisation tire son nom du roi légendaire Minos, fils de Zeus et d’Europe, qui règne sur la Crète dans la mythologie grecque. En réalité, on ignore comment elle se désignait elle-même.

D’abord peuple de pêcheurs, les Crétois développent le commerce avec l’ensemble des régions qui entourent cette île en plein cœur de la mer Égée. Ces échanges alimenteront la richesse de la culture minoenne, en l’initiant notamment au maniement des métaux, venu tout particulièrement d’Anatolie, une région de l’actuelle Turquie.

À partir de 2000 avant notre ère, la civilisation minoenne voit se développer ses premiers palais. Le signe d’une concentration économique et sociale de la société. Chaque palais correspond à peu près à une agglomération de l’île, celle de Knossos aurait pu accueillir jusqu’à 100 000 habitants. La culture minoenne y est florissante et voit même naître la première écriture linéaire du monde : le linéaire A.

On retrouve plusieurs signes de cette langue encore non déchiffrée sur plusieurs tablettes retrouvées dans les palais de Knossos ou de Phaistos : c’est notamment le cas du célèbre disque de Phaistos.

Disque de Phaistos
Le disque de Phaistos, découvert au palais éponyme et conservé au musée archéologique d’Héraklion

La découverte du site par Arthur Evans

Parmi les nombreux palais minoens que compte la Crète, le palais de Knossos est l’un des plus importants.

Le site est d’abord mis au jour par un homme d’affaires local, Minos Kalokairinos, en 1878. Passionné d’archéologie, il débute les premières fouilles sur ce site archéologique et met au jour quelques pièces du palais. Mais trois semaines après le début des fouilles, il doit s’arrêter sous la pression des Turcs qui contrôlent alors l’île.

Plus de 20 ans plus tard, en 1900, un archéologue britannique du nom de Arthur Evans se présente sur l’île et rachète le site pour y entamer des fouilles de plus grande envergure. Il y consacre toute son énergie pendant plusieurs mois et mettra au jour un important complexe : selon lui, il aurait découvert le palais du légendaire roi Minos.

En réalité, si le palais avait bien une vocation royale, comme en témoigne sa salle du trône, le palais de Knossos concentrait aussi tout un ensemble de fonctions : bureaux administratifs, magasins et réserves de denrées, sanctuaire, bain… Et bien sûr, l’accueil d’un rituel crétois : la tauromachie. Plusieurs sculptures célèbres témoignent de cet art singulier de la voltige sur taureau.

Des vestiges uniques de l’époque minoenne

Malheureusement pour le visiteur contemporain, Arthur Evans entreprend à Knossos une reconstitution in situ des lieux, avec les connaissances dont il dispose en ce début de vingtième siècle. Il faut dire que le palais de Knossos, comme les autres palais crétois, ont beaucoup souffert à travers les âges, que ce soit du fait de guerres ou de catastrophes naturelles, dont d’importants tremblements de terre.

Le résultat est aujourd’hui fortement contesté. D’abord par le choix des matériaux. Arthur Evans opte pour le ciment, qu’il coulera à même les vestiges découverts pour donner une vision plus précise des lieux. Mais le matériau, en plus d’être assez disgracieux, abime la pierre originale. Ensuite par la reconstitution elle-même. Les projections choisies par Evans ne correspondent probablement pas à la réalité des lieux lors de l’époque minoenne.

Néanmoins, en dépit de ce que certains vont jusqu’à appeler un « saccage » de ces lieux historiques, le palais abrite ou a abrité quelques vestiges tout à fait uniques de l’époque minoenne.

C’est le cas notamment des très nombreuses fresques qui décorent les salles du complexe, et en particulier la salle du trône.

De nombreuses figurines ont été transportées au musée archéologique d’Héraklion, peu distant du site, dont la célèbre statuette d’ivoire représentant un sauteur voltigeant au-dessus d’un taureau. Seul le sauteur subsiste, mais elle fait partie des premières représentations complexes d’un mouvement humain connues.

On pourra ça et là apercevoir aussi de nombreuses jarres de l’époque minoenne, qui témoignent de la fonction de réserve alimentaire du site. Ces jarres contenaient vraisemblablement la production locale d’huile d’olive. Une partie a été détruite par Arthur Evans qui croyait pouvoir encore y découvrir leur contenu…

Enfin, même s’ils ont en partie été dénaturés par la reconstitution d’Arthur Evans, les extérieurs du palais de Knossos ne manquent pas de charme. Pour peu que les températures restent clémentes dans cette région propice aux fortes chaleurs !

On déambulera avec plaisir à travers les innombrables bâtiments du complexe, plus ou moins bien conservés, sur lesquels on pourra apercevoir quelques colonnades caractéristiques encore en bon état.

Informations pratiques


Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en août 2015.

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